Le village de Tavannes
Tavannes est un des plus anciens lieux habités de la contrée. Son nom semble dériver du mot celtique Tavan qui signifie tronc d’arbre. Dès 400 av. J.-C., des peuplades celtes venant de Germanie s’installent dans le pays; Les Helvètes sur le Plateau, les Rauraques, venus de la Ruhr ou Raura, s’arrêtent dans le bassin de la Birse jusqu’à Pierre-Pertuis.
Au IVe siècle apr. J.-C., c’est le début de l’écroulement de l’empire romain par l’invasion des Alémanes et des Burgondes, ces derniers occupant l’Helvétie occidentale et la Rauracie.
En 630, des moines de Luxeuil s’établissent à Moutier-Grandval où ils créent un monastère; à la même époque, St-Imier et St-Ursanne propagent la foi chrétienne dans la région.
La première mention écrite de Tavannes remonte à 866, ce lieu est désigné comme bourg sous le nom de Theisvenna. Au fil des siècles, l’orthographe du nom variera en Thasvanne, Tasvenne, Thasuenna, Taffennas, Tasueno, etc.
En 999, le roi de Bourgogne Rodolphe III donne à l’évêque de Bâle, l’abbaye de Moutier-Grandval avec toutes ses possessions. À la mort de Rodolphe III, l’ancienne Rauracie, après avoir été romaine, burgonde et bourguignonne, est incorporée en 1032 au Saint-Empire romain-germanique jusqu’en 1792, soit pendant 760 ans.
Les familles nobles
Les évêques de Bâle avaient le droit de conférer la noblesse afin de se créer une classe fidèle de sujets. Les plus puissants seigneurs de notre vallée étaient sans conteste les nobles de Tavannes. Au XIIe siècle, cette famille avait étendu ses droits sur de multiples propriétés sises dans chaque village de la région. Les trois branches principales de cette famille sont les Tavannes de la Tour, branche éteinte à la fin du XIVe siècle, Tavannes Ouldriot éteinte en 1546, et Tavannes Macabré dont le dernier représentant mourut en 1549.
D’après une étude détaillée des sceaux et armoiries des Tavannes, il est certain que dès le XIIIe siècle, ils eurent constamment les mêmes armoiries: d’azur au coq d’or, crêté et barbé de gueules. Ces signes héraldiques étaient les mêmes pour toutes les branches des Tavannes.
Les châteaux étaient nombreux dans l’Evêché, mais beaucoup n’étaient généralement que de simples maisons fortes. A Tavannes, une tour existait dans la région du Petit-Bâle; une tour forte s’élevait également à Pierre-Pertuis pour en garder le passage. Par contre, le château était situé au lieu-dit actuel le “Châtelet”, colline située au nord-est du village. Le relief ovale bordé de fossés reste encore visible de nos jours. Les pierres de cette demeure, incendiée en 1499 avec le village entier par les mercenaires impériaux de la guerre de Souabe, y ont été prélevées pour servir à la reconstruction ou à l’agrandissement de l’église de Chaindon vers 1740.
Au printemps 1530, Guillaume Farel prêche la Réforme à Tavannes. Il entraîna à la confession nouvelle les habitants de cette grande paroisse, et peu après celle de toute la Prévôté de Moutier.
La Révolution française éclate en 1789. L’armée républicaine pénètre en 1792 dans l’Evêché; en 1797 la Prévôté est également envahie. C’est dès lors l’institution du régime révolutionnaire. De jeunes conscrits tavannois doivent se joindre à l’armée républicaine; à l’âge de 18 ans, Théophile Voirol s’engage. Il jouira de promotions rapides pour devenir général; il fut un officier distingué des guerres de la Révolution et de l’Empire, pair de France et gouverneur de l’Algérie.
La Municipalité
Jusqu’à la disparition de l’Evêché de Bâle en 1797, il n’y avait pas d’administration de commune. La commune était constituée de citoyens bourgeois en très grande majorité; les non-bourgeois étaient considérés comme étrangers! C’est en 1833 que deux conseils sont institués; l’un pour diriger les affaires de la “commune des habitants”; l’autre pour administrer les biens de la bourgeoisie jusqu’à l’établissement de l’acte de classification en 1865 qui constitue le partage des biens entre la bourgeoisie et la nouvelle commune municipale.
Pierre-Pertuis
Il y a plus de deux mille ans que les habitants de la plaine helvétique utilisaient déjà le tunnel que la nature a percé à la jonction de la chaîne de Montoz avec celle du Mont-Soleil, afin de relier la vallée de la Suze à celle de la Birse.
Lorsque les romains se furent emparés des Gaules, ils utilisèrent d’abord les routes celtiques tracées le plus souvent par la nature. Ils en élargirent ensuite quelques-unes dont celle du Pierre-Pertuis. La restauration de cette route eut lieu entre les années 161 à 169, sous le règne de Marc-Aurèle. L’édile d’Aventicum, en faisant exécuter ce travail voulut en conserver le souvenir en gravant sur le roc l’inscription que voici: A la divinité des empereurs, cette voie a été construite par Marcus Dunius Paternus, co-gouverneur de la colonie des Helvètes d’Aventicum.
Pierre-Pertuis est également l’endroit où la Birse prend sa source. Jaillissant d’une fissure étroite du rocher, l’eau de la Birse s’écoule en abondance et a permis depuis les temps les plus anciens de faire tourner plusieurs roues de moulins dans les environs immédiats de sa source.
Le Chemin Romain et la source de la Birse
Le passage romain aménagé durant la période de l’empereur Marc-Aurèle et situé au pied du col de Pierre-Pertuis est encore visible aujourd’hui, tout comme une portion d’un chemin médiéval reliant le plateau des Franches-Montagnes dans la combe de Malvaux.
La Birse prend également sa source au pied du col de Pierre-Pertuis; elle peut être visitée sur demande auprès du service des travaux publics.